Par le délégué à la presse, Hajj Mohamed Bendamia en France
Le dilemme de la gestion des migrations aux frontières et la catastrophe de l’afflux de réfugiés dans les régions de l’est de la Mauritanie sont deux défis majeurs interconnectés qui occupent ces jours-ci le gouvernement de Nouakchott et retiennent son attention.
Le gouvernement a annoncé le lancement d’un projet de gestion des migrations en coopération avec l’Union européenne et l’Organisation internationale pour les migrations, alors que le comité de pilotage du ministère mauritanien de l’Intérieur tenait la première réunion du projet « Suivi régional, stabilisation des zones frontalières et gestion des migrations ».
La réunion, organisée en coopération entre la Direction Générale de l’Administration Régionale du Ministère mauritanien de l’Intérieur et l’Instrument Européen de Voisinage, de Développement et de Coopération Internationale, avait pour objectif d’échanger des vues sur le projet et d’informer les parties mauritaniennes participant à sa mise en œuvre de son programme et de ses progrès.
Dans son discours lors de la réunion, Abdel Rahman Ould Al Hassan, secrétaire général du ministère mauritanien de l’Intérieur, a souligné « l’importance du projet à la lumière des défis croissants auxquels la région est confrontée », notant que « cette réunion représente une étape importante vers la mise en œuvre de la stratégie nationale de gestion des migrations adoptée en juillet dernier ».
Il a souligné « l’importance du rôle vital du Comité de pilotage dans la définition du cadre stratégique et opérationnel du projet, et dans la garantie de la coordination des objectifs du projet et de leur mise en œuvre effective ».
Ould Al Hassan a expliqué que « le comité de pilotage du projet a été créé en vertu de la décision n°010 du 9 janvier 2025 du ministre mauritanien de l’Intérieur, conformément aux dispositions techniques et administratives de la convention de financement conclue entre la Mauritanie et l’Union européenne le 5 octobre 2023, s’étendant sur une période de 60 mois, et dont l’achèvement est prévu le 5 octobre 2028 ».
Dans le cadre de l’accord susmentionné, l’Union européenne met à la disposition du gouvernement mauritanien un financement destiné à faire face à la migration, d’une valeur totale de 10,5 millions d’euros, répartie sur trois volets principaux : le volet gestion des migrations pour un coût de 5,5 millions d’euros, le volet « CARSI » pour un coût de 3 millions d’euros, et le volet « CODAT » pour un coût de 2 millions d’euros.
Français Le Secrétaire Général du Ministère mauritanien de l’Intérieur a expliqué dans son discours que « le volet relatif à la gestion des migrations représente le centre de travail du comité de pilotage du projet « Suivi régional, stabilité des zones frontalières et gestion des migrations », et sera mis en œuvre à travers deux organes principaux, dont le premier est la Direction Générale de l’Administration Régionale au sein du Ministère de l’Intérieur, avec un programme estimé à 1 million d’euros, s’étendant sur une période de 26 mois à compter du 19 août 2024 ; La deuxième est l’Organisation internationale pour les migrations, qui mettra en œuvre un programme d’un montant de 4,5 millions d’euros, à partir du 24 novembre 2024, pour une période de 36 mois.
Le Secrétaire général a souligné que « le Comité de pilotage du Projet de suivi régional, de stabilisation des frontières et de gestion des migrations tiendra ses réunions tous les six mois pour assurer un suivi étroit de la mise en œuvre du projet et de la réalisation de ses objectifs fixés ».
Outre le lancement du projet de gestion des migrations, Aicha Val Verges, Ambassadrice et Représentante permanente de Mauritanie auprès des Nations Unies, a présenté les souffrances inquiétantes de la Mauritanie face à l’afflux de réfugiés, avant une séance d’information sur la situation humanitaire en Mauritanie qui s’est tenue hier à Genève sous la supervision de Gemma Connell, Chef de la Section d’évaluation, de planification et de suivi au Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies, avec la participation de diplomates et de représentants d’organisations internationales actives dans le domaine humanitaire et des secours.
L’ambassadeur mauritanien a souligné les défis humanitaires majeurs auxquels la Mauritanie est confrontée en raison de l’afflux de réfugiés en provenance de la République voisine du Mali sur son territoire, soulignant que « la Mauritanie accueille actuellement environ 318 000 réfugiés maliens » et que « cet afflux provoque une forte pression sur les services de base dans la région mauritanienne du Hodh El Chargui, la plus touchée par la crise ».
L’ambassadrice mauritanienne a abordé la question de la migration, soulignant « l’engagement total de la Mauritanie à respecter les droits des réfugiés conformément aux obligations internationales, qui s’est matérialisé, selon elle, dans « les efforts déployés pour enregistrer les réfugiés, faciliter leur accès aux soins de santé et à l’éducation, et les intégrer dans les programmes sociaux nationaux ».
L’ambassadeur a souligné « le besoin urgent pour la Mauritanie du soutien et de l’assistance de la communauté internationale pour alléger le fardeau résultant de cette crise ».
Elle a présenté le plan de la Mauritanie pour répondre aux besoins d’accueil des réfugiés pour l’année 2025, soulignant que « le plan vise à améliorer l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation et à la sécurité alimentaire dans les zones affectées, pour un coût total de 152,2 millions de dollars ».
L’Ambassadeur a souligné que « le plan susmentionné s’inscrit dans la continuité de la stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée actuellement mise en œuvre en Mauritanie, pour promouvoir un développement durable et global conformément aux Objectifs de Développement Durable ».
Elle a souligné que « malgré les efforts déployés, la situation catastrophique résultant de l’afflux de réfugiés nécessite un soutien international urgent pour répondre aux besoins des réfugiés et des communautés d’accueil ». Appelant la communauté internationale à mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en œuvre le plan de la Mauritanie visant à répondre aux besoins d’accueil des réfugiés pour l’année 2025.
Il convient de noter que l’Union européenne considère la Mauritanie comme un partenaire stratégique dans le domaine de la gestion des migrations ; La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Nouakchott en février 2024, où elle a annoncé l’allocation de 210 millions d’euros pour aider la Mauritanie dans les questions de gestion des migrations et de lutte contre la migration irrégulière. Le 7 mars 2024, la Mauritanie et l’Union européenne ont signé une déclaration conjointe pour lancer un partenariat entre l’Union européenne et la Mauritanie dans le domaine des migrations, basé sur cinq axes : créer des emplois en améliorant l’accès à la formation professionnelle, encourager la migration légale, renforcer la coopération pour prévenir la migration irrégulière en intensifiant les efforts de lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains, et renforcer la gestion des frontières.