A place where you need to follow for what happening in world cup

Faire taire les Palestiniens dans les organisations internationales : une froide neutralité et une injustice flagrante

0 9

Par le délégué à la presse, Hajj Mohamed Bendamia   en France

 

Le monde s’emploie à justifier son silence envers les Palestiniens, comme si l’humanité n’était plus qu’un slogan creux, lancé quand cela arrange les puissances dominantes, et reculé quand cela entre en conflit avec leurs intérêts. En Palestine, la mort n’est ni soudaine ni passagère, mais plutôt une réalité quotidienne qui se répète sous différentes formes : bombardements, siège, déplacement et effacement de la mémoire. Le résultat est toujours le même : l’extermination systématique d’un peuple, l’oblitération de son identité et de son rêve, tout cela sous le couvert terrifiant de la « neutralité humanitaire », qui ne signifie rien d’autre qu’un penchant pour le silence.
Depuis de nombreuses années, l’occupation israélienne présente ses crimes contre les Palestiniens comme de la « légitime défense », en s’appuyant sur une machine de propagande mondiale, alors que nous sommes tués, déplacés et assiégés, sans que nos voix soient entendues. Les attaques contre Gaza en octobre 2023 ne sont pas une exception, mais la continuation d’une approche profondément enracinée du génocide et du colonialisme. Des centaines de personnes ont été tuées et des maisons ont été détruites au-dessus de leurs propriétaires, mais le silence international a continué, accompagné de rapports officiels d’organisations internationales qui se revendiquent neutres, mais qui en réalité contribuent à dissimuler la vérité et à tromper la justice.

En tant que Palestiniens, nous devons comprendre que le monde ne nous rendra pas justice si nous ne prenons pas l’initiative et n’insistons pas pour faire entendre notre voix. Nous ne pouvons pas compter sur des institutions qui privilégient la « neutralité » à la justice.

À travers mon expérience personnelle de travail dans l’une de ces organisations humanitaires, j’ai réalisé que la neutralité qu’elles revendiquent n’est rien d’autre qu’un masque pour justifier l’inaction. Lorsque ma famille à Gaza était sous les bombardements israéliens et que la mort les poursuivait à chaque coin de rue, j’ai reçu des instructions strictes de garder le silence, de ne pas nommer l’auteur du crime, ni même d’utiliser les chiffres de l’ONU pour montrer l’ampleur du désastre. On nous a demandé de donner l’impression de vivre dans le vide, comme si les meurtres quotidiens n’étaient rien d’autre qu’un « conflit » passager qui ne méritait ni colère ni condamnation. « La neutralité est la règle d’or », nous dit-on, mais quel type de neutralité est requis lorsque le crime est clair, la victime est exposée et le tueur tue en public ? Comment peut-on demander à un Palestinien, victime depuis plus de soixante-seize ans, de cacher sa blessure, de baisser la voix et de réprimer sa douleur ? Cette neutralité n’est rien d’autre qu’un parti pris en faveur de l’oppresseur et une insistance à enterrer l’opprimé. Lors des réunions, j’ai vu mes collègues de différentes nationalités parler librement des tragédies de leur peuple. Ils ont raconté des histoires pleines d’émotion et de sympathie sur des guerres et des conflits dans des contrées lointaines, sans que personne ne leur demande de cacher leurs sentiments. Quant à nous, les Palestiniens, nous étions perçus comme une nuisance, et l’expression de notre douleur constituait une menace pour la « neutralité ». L’une des situations les plus douloureuses a été lorsqu’un collègue français m’a envoyé un message disant : « Nous devons tous respecter la neutralité dans notre travail. « Ce qui se passe en Palestine est complexe et nécessite une gestion prudente. » Ses paroles, bien que formulées à voix basse, reflétaient un fossé profond entre nous. Elle vit dans un monde qui n’a jamais connu l’occupation ni la Nakba. Les maisons de son peuple n’ont pas été démolies et aucune colonie n’a été implantée sur leurs terres. Quant à moi, je portais des blessures vieilles de plus de soixante-seize ans. Pour moi, cette terre n’est pas une question politique abstraite ou un conflit passager ; C’est une mémoire, une histoire, une identité qui est en train d’être effacée de sang-froid.
Ce qui distingue la cause palestinienne, c’est qu’elle n’est pas seulement une tragédie, mais une lutte permanente pour les droits humains fondamentaux : le droit à la vie, à la dignité et au retour. Mais lorsque le monde est soumis à une vision coloniale qui domine les organisations humanitaires, ces droits deviennent un luxe dont on ne peut pas parler. Dans un moment de sincérité, j’ai réalisé que ces organisations ne sont rien d’autre que des outils au service des idéologies des grandes puissances, et qu’elles soumettent la réalité palestinienne à des moules déformés qui servent le récit de l’occupant. Le silence qui nous était demandé n’était pas de la neutralité ; C’était une demande claire que nous renoncions à notre humanité. Comment le principe de neutralité peut-il être réel s’il assimile le bourreau à la victime ? Comment le travail humanitaire peut-il être honnête s’il nous oblige à falsifier notre réalité ? Au cours de mon travail, j’ai également pu constater comment les crises mondiales sont gérées différemment. Lorsqu’une collègue ukrainienne a parlé des souffrances de sa famille à cause de la guerre, son histoire a été accueillie avec beaucoup de sympathie, mais lorsque j’ai partagé mon histoire sur Gaza, la réponse a été le silence, comme si notre douleur était moins légitime, ou comme si notre tragédie ne méritait pas la même place. Cette discrimination flagrante m’a révélé l’amère vérité : les organisations humanitaires ne sont rien d’autre qu’un reflet du monde dans lequel nous vivons, où la douleur et la souffrance sont réparties selon les intérêts. Les Palestiniens ne demandent pas de sympathie superficielle, ni de paroles de courtoisie ; Nous exigeons le droit de raconter notre histoire telle qu’elle est, sans censure ni troncation.
En tant que Palestiniens, nous devons comprendre que le monde ne nous rendra pas justice si nous ne prenons pas l’initiative et n’insistons pas pour faire entendre notre voix. Nous ne pouvons pas compter sur des institutions qui préfèrent la « neutralité » à la justice. Nous devons écrire notre histoire de nos propres mains, et raconter nos histoires avec honnêteté et audace, car ce que nous vivons n’est pas seulement une tragédie passagère, mais un crime permanent commis en plein jour. Malgré toutes les tentatives visant à faire taire la voix palestinienne, nous avons toujours une longue tradition de détermination. Cette voix qui sort de sous les décombres et d’entre les murs de la prison est plus forte que toutes les tentatives de marginalisation. Nous ne nous tairons plus, car le silence est une trahison envers ceux qui sont partis et envers ceux qui résistent encore. En fin de compte, nous continuerons à crier au monde : « Israël a exécuté Rifaat Al-Areer », et nous raconterons toute l’histoire, non pas comme ils veulent qu’elle soit racontée, mais telle qu’elle est : l’histoire d’un peuple qui ne sera pas brisé, d’un droit qui ne mourra pas et d’une voix qui ne sera jamais réduite au silence.
Experte franco-palestinienne en développement et communication

اترك رد

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني.