La qualité de l’air intérieur a été dégradée dès la préhistoire, avec la maîtrise du feu : « la suie trouvée sur le plafond des grottes préhistoriques est une preuve évidente de ce que les foyers entraînaient un niveau élevé de pollution de l’air intérieur faute d’une ventilation suffisante »15.
La métallurgie de l’âge du bronze, puis de l’âge du fer, a marqué un tournant dans le rejet anthropique de matières dans l’environnement extérieur. Les carottages des glaciers du Groenland ont révélé un accroissement des rejets de matière associé à la métallurgie des Grecs, des Romains et des Chinois16. Mais à cette époque, les quantités émises se jouaient sur une échelle différente de l’époque industrielle, et n’avaient pas d’impact environnemental significatif.
En Angleterre, Édouard Ier édicta en 1272 une proclamation interdisant l’usage de la houille bitumineuse à Londres, alors d’usage très courant, après que la fumée que produisait son usage massif soit devenu insupportable17,18.
Le développement des métropoles européennes aggrava les problèmes de gestion des excréments humains et équins. Londres connu ainsi un cas de contamination de l’eau avec la Grande Puanteur de 1858, qui entraîna la construction d’égouts à grande échelle et une nouvelle politique appelée « révolution sanitaire », et le mouvement hygiéniste19. Berlin était dans une situation similaire en 1870, comme en témoigne August Bebel :
- « Les eaux usées sortent des maisons pour couler dans les caniveaux, dégageant une puanteur épouvantable. Il n’y a pas de toilettes publiques dans les rues ; les gens de passages, et particulièrement les femmes, sont souvent sans ressource quand la nature rappelle ses exigences. Dans les bâtiments publics, les installations sanitaires étaient incroyablement primitives. En tant que métropole, ce n’est qu’après 1870 que Berlin est passée de la barbarie à la civilisation »20.
C’est la révolution industrielle qui a initié la pollution à l’échelle à laquelle est pratiquée aujourd’hui. La combustion massive de charbon amena la pollution de l’air à des niveaux sans précédent, les industries déchargèrent leurs effluents chimiques et leurs déchets sans traitements particuliers, polluant les cours d’eau, les nappes phréatiques et les sources d’eau potable.
En Amérique, Chicago et Cincinnati furent les deux premières villes à passer des réglementations pour lutter contre la pollution de l’air. Vers le milieu du XXe siècle, le smog provoqué par les échappements automobiles était devenu un problème majeur dans des villes comme Los Angeles21, ou Donora22. Londres connut son pire épisode de pollution atmosphérique avec le Grand Smog de 1952, dont on estime qu’il a pu faire 12 000 morts.
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