Par le délégué à la presse, Hajj Mohamed Bendamia en France
Les discussions sur la reconsidération de « l’accord de 1968 » conclu avec l’Algérie, qui réglemente les questions d’immigration, de travail et de circulation des Algériens en France, sont revenues au premier plan du débat public à Paris, après que cette polémique ait été renouvelée par les déclarations du nouveau gouvernement français. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Rotayo, qui a exprimé sa ferme détermination à modifier l’accord, confirme que les facilités accordées par cet accord sont devenues « excessives » et injustifiées à l’heure actuelle, car devenues incompatibles avec la réalité vécue. que ce soit au niveau des flux migratoires. Ou dans les relations diplomatiques entre les deux pays.
Dans une démarche qui n’a rien de surprenant puisque c’est la troisième depuis qu’il a pris le ministère de l’Intérieur le 23 septembre 2024, succédant à Gérald Darmanin, Bruno Rotayo a réitéré ses déclarations, qui trouvent écho dans de nombreux mouvements politiques français, notamment à droite, sur la nécessité de « reconsidérer » « l’accord sur l’immigration » avec l’Algérie, qui s’appuie sur une justification dans laquelle les critiques de l’accord le considèrent comme « extrêmement bénéfique pour l’Algérie, mais très préjudiciable à la France », estimant que cet accord constitue un obstacle aux tentatives du gouvernement français Réduire les flux migratoires, tant réguliers que clandestins.
Dans ce contexte, le ministre français de l’Intérieur a lancé une nouvelle bombe politique devant les membres du Sénat, hier mercredi 27 novembre, en critiquant vivement « l’accord de 1968 » avec l’Algérie, qui est l’accord qui accorde aux Algériens des facilités pour résider et travailler en France, qualifiant ce droit d’« excessif ». Ce qui ne se justifie plus au vu des changements actuels, soulignant que « bien qu’il ait été modifié à trois reprises, il est resté sans changement fondamental et cet accord est devenu complètement séparé des deux réalités en matière d’immigration ou quelque chose comme ça. “C’est une question de diplomatie.”
Ce qui augmente l’importance de la position renouvelée du ministre français de l’Intérieur, ce sont les circonstances qui s’ajoutent à ses justifications, puisque cette escalade coïncide avec une dégradation majeure des relations franco-algériennes ces derniers mois, après l’approfondissement annoncé par Emmanuel Macron de La souveraineté du Maroc sur le Sahara, outre l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal. En Algérie, les blessures existantes entre les deux pays et ces évolutions ont poussé le ministre à déclarer devant les membres de la mission sénatoriale chargée des accords internationaux : “Nous avons tendu la main à plusieurs reprises, et peut-être que le moment est venu pour chaque parti d’assumer ses responsabilités.” “Seul.”
Pour Bruno Rotayo, l’immigration permanente est l’objectif visé, estimant que les bénéfices de l’accord ont transformé l’immigration algérienne en immigration « permanente », contrairement à l’immigration marocaine ou tunisienne, qui se concentre davantage sur les études ou le travail temporaire, notant que Chaque année, plus de 200 000 visas sont accordés aux Algériens, alors que seuls 2 000 permis consulaires sont acceptés pour le retour des immigrés illégaux, il a décrit cela comme une « nette différence dans les flux ». Cette différence est d’autant plus apparente que 40 % des détenus dans les centres de rétention administrative en France ont la nationalité algérienne.
Annuler cet accord, si une décision est prise à son sujet, ne semble pas une affaire facile pour Paris, d’autant que le gouvernement algérien, qui le surveille de près, invoque souvent l’accord d’Evian pour exiger le maintien des privilèges au cas où l’accord est rompu. Cependant, Rotayo a rejeté cette idée complètement et en détail. Il a souligné : « Nous reviendrons à notre droit général, et non aux dispositions d’Evian. »
Cette déclaration ne reflète cependant pas encore la position officielle du gouvernement français, puisque le ministre a tenu à préciser qu’aucune décision définitive n’a été prise par le Premier ministre. Cependant, dans les rangs de droite du Sénat, cette position ferme. est largement saluée.
Quant à l’opposition, elle ne cache pas ses hésitations face à ces déclarations du ministre français de l’Intérieur, la députée socialiste Corinne Narasguine ayant indiqué que la relation entre la France et l’Algérie va bien au-delà de la question des accords turcs, et même au sein du Dans les rangs des Républicains, certains appellent à la prudence face à ce dossier, comme la députée Sophie Bryant-Guillemont, représentante des Français de l’étranger, a attiré l’attention sur les dangers qui menacent environ 30 000 expatriés vivant en Algérie, que l’on retrouve souvent sur les lignes téléphoniques. . front lors des crises bilatérales entre les deux pays.
En revanche, la position de Bruno Rutayo représente un nouveau tournant dans le débat sur l’immigration en France. Malgré les réticences du gouvernement à franchir une étape décisive, le ministre semble convaincu que le changement est devenu inévitable, d’autant qu’il a conclu ses déclarations devant le Sénat. en affirmant que : « « Il ne s’agit plus d’une question de politique, mais bien d’une question de souveraineté nationale. » Ce qui est sûr, c’est que la question de l’accord franco-algérien de 1968 ne restera pas longtemps au placard.
Bruno Rotayo, avant de rejoindre l’équipe gouvernementale dirigée par Michel Barnier, était connu pour sa position de rejet de l’accord franco-algérien. Le 26 juin 2023, il dépose au Sénat, en sa qualité de chef du groupe du parti « Droite traditionnelle », une motion demandant l’abolition totale de l’accord. Dans le texte de sa proposition, il souligne que « le comportement de l’Algérie aujourd’hui constitue un obstacle à la nécessité d’arrêter les migrations massives vers la France ».
L’actuel ministre français avait indiqué à l’époque que rien ne justifiait la poursuite d’une politique de laxisme à l’égard d’un pays peu coopératif, et cette déclaration s’inscrivait dans le contexte d’une crise entre les deux pays survenue en 2021, lorsque l’Algérie a rejeté l’accord. demande de l’ancien ministre français de l’Intérieur d’accorder des licences consulaires à des centaines d’immigrés irréguliers algériens. Il s’agit d’une mesure que la France a jugée nécessaire pour mettre en œuvre les décisions administratives d’expulsion de son territoire.
Dans le cadre de sa proposition parlementaire, Rotayo a indiqué que l’idée de renégocier l’accord, même formellement, “ne semble pas possible”, ajoutant : “Nous recommandons en fait un rejet unilatéral de cet accord par les autorités françaises”. Un accord entre la France et l’Algérie a été signé le 27 décembre 1968, dans le but d’organiser le mouvement des travailleurs algériens vers la France après l’indépendance de l’Algérie en 1962.
L’accord comprenait de multiples dispositions, spécifiant notamment les conditions de travail et de résidence, ainsi que les droits des travailleurs migrants, y compris les droits sociaux et économiques. L’accord permettait également aux deux pays de coopérer dans les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle. a ouvert la voie au retour des travailleurs en Algérie tout en garantissant leurs droits au retour.
L’accord encourageait l’immigration de travailleurs qualifiés pour répondre aux besoins du marché français, ce qui a incité de nombreux Français à le considérer comme une préférence pour les Algériens par rapport aux autres immigrants d’autres nationalités. Depuis sa signature, l’accord s’inscrit toujours dans le cadre des relations complexes entre les deux pays, puisqu’il revient sur le devant de la scène chaque fois que les relations bilatérales se tendent, comme c’est le cas aujourd’hui.
De son côté, l’Algérie déplore que ses citoyens rencontrent des difficultés pour organiser leur séjour en France, notamment en matière de « regroupement familial », de mariage et d’études universitaires, outre l’exercice d’activités commerciales et professionnelles auxquelles l’accord leur garantit des droits. .